Section PCF 75003 du 3e arrondissement de Paris

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Pierre K. La bataille idéologique au coeur du Congrès

PROJET POUR LE CONGRES

La bataille idéologique au cœur du congrès.

A Congrès extraordinaire, réflexion  « extra ordinaire ».

La bataille idéologique dans la société dite de l’information doit être  l’une des questions clés que nous devons mettre en exergue lors de ce congrès pour trouver des réponses au message univoque du prêt à penser ultra libéral délivré par les grands medias.

Il y a urgence à poser ces questions trop souvent occultées dans notre réflexion car aujourd’hui l’hyper concentration des grands groupes multimédias détenus par les puissances industrielles et bancaires liées aux pouvoirs en place met en danger le pluralisme de l’information et la diversité culturelle. 

Aujourd’hui, leurs poids est tel dans l’industrie des medias et de la culture  du fait des convergences technologiques, que le phénomène de globalisation soutenu par une financiarisation accélérée du secteur vise la démocratie, la liberté d’expression, la liberté de la presse.

Une telle situation doit nous alarmer et nous conduire à une analyse minutieuse du quatrième pouvoir. Les communistes doivent apporter des propositions pour parvenir à libérer les medias de l’accaparement  des puissances d’argent et de leur contrôle idéologique sur la société.

Nous devons par exemple faire de cette question un axe de lutte citoyenne qui ne soit pas seulement un enjeu corporatif réservé aux seuls professionnels des medias, mais bien une bataille des citoyens de ce pays.

Clairement nous devons êtres les aiguillons d’une lutte visant à combattre les idées dominantes de la pensée néo conservatrice conduisant au fameux concept « there is no alternative ».  Cette bataille du fait de notre recul électoral, de notre invisibilité dans les medias en raison de nos erreurs stratégiques sera difficile. Mais, si nous ne la menons pas, c’est une chape de plomb qui se refermera sur ce pays pour empêcher toute mise en cause de l’ordre établi, toute idée de contestation face aux réformes libérales pour venir à bout de l’exception culturelle  française .

Main basse sur les medias.

L’accélération ces dernières années des concentrations dans l’industrie des medias et de la culture est impressionnante. Les grands patrons du CAC40, de Drahi à Bolloré, de Lagardère à Arnault, de Niels-Pigasse à Dassault, Lagardère ou Bouygues, tous ont mis la main sur ces industries au détriment de la liberté de l’information et du savoir. Leur conquête des contenants et contenus a été réalisée avec la complicité des pouvoirs politiques, de la droite décomplexée aux représentants du social-libéralisme. 

Nicolas Sarkozy avait lancé le processus en appelant ses « amis »  au cours des Etats généraux de la presse écrite (2007-2008) à prendre le contrôle des grands medias pour façonner l’opinion publique.

Pourquoi cette accélération ?

Devant la crise du système, le contrôle de l’information est essentiel pour maintenir leur emprise et verrouiller les rouages de la société. A l’accaparement économique des grands groupes sur le système médiatique viennent se superposer les lois antiterroristes et les directives européennes sur le secret des affaires.

Le tableau est édifiant. Le groupe NextRadioTV (RMC/BFM-TV) est passé sous la coupe de Patrick Drahi, le propriétaire de SFR Numéricâble, 6e fortune de France où il a licencié 5000 salariés. Il a acquis auparavant Libération et de nombreux titres du groupe Roularta. L’homme d’affaire, exilé en Suisse, possède la chaîne d’information i24 News. Il a actuellement un découvert bancaire de quelque 50 milliards et  même si l’action d’Altice - son navire amiral - dévisse, le patron voyou persiste et signe. Le groupe du luxe LVMH (Louis Vitton Moët-Hennesy) s’est « payé » Le Parisien Libéré qui est passé du groupe Amaury à celui de Bernard Arnault, qui règne déjà sur Les Echos. Le PDG de LVMH, 3ème fortune de France, s’est retrouvé épinglé dans les Paradise papers. Vincent Bolloré, patron de Canal+ via Vivendi avait mis de l’ ordre » dans la chaîne en censurant « Les Guignols de l’Info » désormais cryptés avant de licencier les journalistes de I-Télé coupables de s’être rebellés contre leur patron de droit divin. CNews a pris la relève avec un effectif réduit et une audience en berne. Ces tycoons français, qui sont à la tête des principaux quotidiens nationaux les plus lus, cumulent 76,69 milliards de fortune professionnelle, Benard Arnault (34,66 milliards), Serge Dassault (17,5), Patrick Drahi (16,7) et Xavier Niel (7,83).

Aujourd’hui,  leur emprire s’étend, de l’information à la communication, de l’édition aux productions audiovisuelles, de la propriété de théa^tres aux salles de concert, des medias en ligne aux quotidiens papiers, de radios aux chaines de télévision. De la publicité aux tuyaux de diffusion.

Sous le quinquennat Hollande, les concentrations se sont poursuivies sans obstacle malgré les promesses du candidat Hollande François. Les aides à la presse sont restées inégalitaires et à contre temps de la nécessité de donner un coup de pouce aux médias à faible revenus publicitaires. Les chiffres de 2013 sont clairs : Le Figaro (16,17 millions) Le Monde (16,15), Aujourd’hui en France (11,99), Libération (9,9) Les Echos (4).

Avec l’élection de Macron, c’est la mise au pas rapide et brutale de l’information par le fait du prince. L’Elysée encadre l’information pour ne plus faire que de la communication sur la parole présidentielle. Les medias qui sortent des chemins balisés sont aussitôt menacés de poursuites (plaintes dans l’affaire de la Loi Travail et du plan révélé par le Monde sur les réformes de l’audiovisuel public). Le plan de casse de TFV (réduction de 50 millions du budget de FTV,  effectif en baisse, menaces sur les rédactions dont les émissions d’investigation, proposition de fusion entre les antennes en région de RadioFrance et France3, suppressions des locales de FR3, voire privatisation d’une chaine, etc) constituent une mise en cause du service public par des mesures budgétaires austéritaires. Mais surtout  cela traduit un renforcement du contrôle de l’information par le pouvoir qui malgré les murs érigés  est confronté à des fuites sur les affaires via les réseaux sociaux ou les journaux indépendants qui réussissent à percer les mailles du filet.

Les contenus de l’information

 Si la majorité des journalistes font leur métier et respecte les principes professionnels, une petite caste de journalistes liés aux hommes de pouvoir et aux décideurs économiques joue dans une autre cour en décrédibilisant la profession reprenant le prêt à penser. Nombre de ces privilégiés font la pluie et le beau temps et se partagent les éditoriaux en défendant les mêmes valeurs que leurs pairs en politique. Ils se retrouvent dans les mêmes salons dorés, adhérents aux mêmes sociétés élitistes (comme par exemple Le Siècle).

Cela se traduit par un paysage médiatique de plus en plus univoque, monocolore où l’information passe en boucle, d’un sujet à l’autre sans hiérarchisation. C’est notamment le cas pour les chaînes d’information en continu qui, concurrence et course à l’Audimat obligent, privilégient la forme sur le fond, mettant en exergue les petites phrases au détriment de l’analyse. La fermeture des rubriques sociales dans de nombreux titres réduit à sa plus banale expression le déroulement de tels conflits, le rôle et la parole des syndicats. De même les couvertures internationales sont de plus en plus réduites ou caricaturales rendant impossibles toute lecture claire des événements.

Autre menace sur l’indépendance des rédactions : le poids de plus en plus grand des communicants dans la sphère médiatique. Pour eux il faut vendre une opération - commerciale, politique, militaire, littéraire - et faire passer les messages des sponsors. De plus en plus les communicants limitent la présence des médias sur un événement en livrant des images clés en main aux chaînes pour éviter tout dérapage

Des réponses pour une appropriation populaire des médias 

Le pluralisme de l’information est battu en brèche alors que la démocratie dépend de la transmission des informations aux citoyen-ne-s pour leur permettre de posséder les clés pour comprendre les questions clés de la société.

Aujourd’hui, il n’existe quasiment plus de titres indépendants hormis quelques medias tels : l’Humanité, Politis, La Croix, Le Canard Enchainé, Mediapart, etc.… 

Il y a donc urgence à réaffirmer les valeurs du CNR pour faire vivre le pluralisme comme élément clé de la démocratie. Il y a urgence à poser tous ensemble la question de la libération de l’information des chaînes de l’argent . Et à restituer aux citoyens une information plurielle, vérifiée, crédible, hiérarchisée pour éclairer, mettre en situation. 

Mais pour cela il y a nécessité de poser le débat au plan national avec les autres salariés, les chercheurs, les parlementaires, les syndicats pour de vrais Etats Généraux de l’information, afin de mener la reconquête de l’information au service de tous, en s’appuyant sur le triptyque « liberté, démocratie, culture ». En inscrivant le droit à l’information et à la culture dans la Constitution. En donnant un statut légal aux entités rédactionnelles – comme le réclament les syndicats de journalistes - et en proposant aux élus de légiférer pour assurer une étanchéité entre les actionnaires et les rédactions pour mettre l’information à l’abri des puissances d’argent. Pour le service public, il s’agit de reconstruire un authentique service public de l’audiovisuel, de la production à la diffusion, associant les salariés et leurs représentants, les usagers et les élus de la Nation à son fonctionnement pour des contenus plus représentatifs des classes populaires et des minorités. En posant la question des aides à la presse, de la protection des sources, du statut des lanceurs d’alerte, d’une loi anti concentration, d’une politique concernant la distribution des titres dans l’hexagone donnant l’égalité à tous les titres, tout comme il y a urgence à évoquer un vrai projet pour un pole public d’impression. Quelle place enfin pour une presse alternative, associative, citoyenne ?

Sans ces éléments comment construire une société de l’information plurielle, et une véritable base d’une société pleinement démocratique.

Certes ce n’est pas l’information libérée qui, seule, amènera le changement, mais une chose est sûre, sans liberté de l’information il n’y aura pas de changement.

Nous ne partons toutefois pas de rien. Il existe un document du Parti intitulé « Pour une appropriation populaire des médias » . A nous tous de l’enrichir, de l’actualiser. Ce congrès peut permettre une telle réflexion.

« Seule la vérité est révolutionnaire », disait Lénine. Chiche !

Voici quelques extraits du document :

1.Construire une nouvelle souveraineté populaire sur les médias

Les arts et la culture, l'information comme élément du débat public constituent un bien commun dont le partage nécessite qu'ils soient soustraits à la loi du marché. Les médias sont un lieu privilégié de cet échange. Ils doivent être mis dans l'obligation d'en respecter la fonction démocratique sous le contrôle des citoyens et des institutions garantes de l'intérêt général.

Le Droit à l'information doit être inscrit dans la Constitution .

 La Constitution affirmera la nécessité que ce Droit à l'information, au divertissement et à la culture constitue une responsabilité qui incombe à l'ensemble des médias publics et privés.

2. Refonder le service public

Pour cela, il faut tout à la fois élargir son périmètre, le soustraire à la logique financière, le rénover, démocratiser sa gestion, sécuriser les statuts de ses personnels, redéfinir les contenus de la formation, étendre ses missions et renforcer sa coopération à l'échelle européenne et internationale.

3. Développer la création, la diffusion, renforcer la diversité culturelle, assurer le pluralisme de la presse pour le pluralisme des idées et de l'information

Adopter une véritable loi anti concentration

 Réformer les dispositifs anti-concentration et interdire, notamment pour les grands groupes financiers, industriels et de services, les situations de quasi monopole national ou régional dans la presse, l'audiovisuel et l'édition. D'une manière générale, il faut garantir la diversité des filières de production dans le domaine de l'image, du son et de l'écrit ;

Libérer la création, respecter le pluralisme

La culture et l'information, participent de l'intérêt général. Ils constituent des biens communs à partager. Le pluralisme des médias est un pilier fondamental de l'exercice de la citoyenneté réelle. Il doit être considéré comme un bien culturel au sens plein du terme.

L'accès à une information honnête, pluraliste, c'est-à-dire contradictoire, à la culture, au savoir, doit être considéré comme un droit.

 PK

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le 09 December 2017

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